Lorsque dans les rues d'Abidjan, il subit un contrôle de police ou de gendarmerie, à cause de sa barbe mal taillée qui lui donne un petit côté «rebelle», Yoro Bi est fier d'annoncer sa fonction. «Je suis le Vice-Président d'Attac en Côte d'Ivoire». A l'évocation du sigle de l'organisation altermondialiste, les mains des hommes en armes se raidissent sur les gâchettes des Kalach'. «Ce n'est pas une attaque. C'est une organisation pacifique qui milite pour l'annulation de la dette des États en voie de développement» clame Yoro en montrant la casquette frappée du logo «zéro pour cent» et le T Shirt «Drop the dept» qu'il arbore fièrement dans les rues des quartiers populaires de Yopougon ou d'Adjamé.
A l'image des policiers, très peu nombreux sont les
compatriotes du jeune Ivoirien à connaître une ONG créée
en partie pour défendre leurs intérêts. «C'est
ennuyeux, parce que l'annulation de la dette des États africains doit
s'obtenir avant tout ici, sur le terrain et non dans les salons parisiens ou
les discussions restent théoriques» commente Sibahi
Kouadio, président de la petite cellule Attac en Côte d'Ivoire.
Sibahi Kouadio, c'est l'homme sage de la structure, que Yoro Bi est venu chercher
en raison de légitimité et de la réputation dont-il jouit.
Militant syndical et professeur d'Histoire Géographie, il a été
de tous les combats sociaux en Afrique et aujourd'hui il est également
investit du statut très respectable de chef du village de Jacqueville,
à deux heures d'Abidjan derrière la lagune. Atterré par
l'évolution des récents événements politiques dans
son pays, Sibahi Kouadio renvoi dos à dos les affairistes français
qui ont exploité les richesses locales sans redistribuer, les chefs d'Etat
peu scrupuleux qui se sont accommodés de la situation et l'attitude de
certains opposants issus des rangs du combat social tel l'actuel Président,
dont la politique qu'il applique n'a plus que très peu avec le programme
qu'il prônait sous la bannière socialiste. More
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